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CX


Quand mon Caraciol de leur prison desserre
Mars, les vents et l’hyver ; une ardente fureur,
Une fière tempeste, une tremblante horreur
Ames, ondes, humeurs, ard, renverse et reserre.

Quand il lui plait aussi de renfermer la guerre,
Et l’orage et le froid : une amoureuse ardeur,
Une longue bonasse, une doulce tiédeur
Brusle, appaise et résoult les cœurs, l’onde et la terre.

Ainsi la paix à Mars il oppose en un temps,
Le beau temps à l’orage, à l’hyver le printemps,
Comparant Paule quart avec Jules troisième.

Aussi ne furent onq’ deux siècles plus divers,
Et ne se peult mieux voir l’endroit par le revers,
Que mettant Jules tiers avec Paul quatrième,

CXI


Je n’ay jamais pensé que ceste voulte ronde
Couvrist rien de constant : mais je veulx désormais,
Je veulx (mon cher Morel) croire plus que jamais,
Que dessous ce grand Tout rien ferme ne se fonde.

Puisque celuy qui fut de la terre et de l’onde
Le tonnerre et l’effroy, las de porter le faiz,
Veult d’un cloistre borner la grandeur de ses faicts,
Et pour servira Dieu abandonner le monde.

Mais quoy ? que dirons-nous de cet autre vieillard,
Lequel ayant passé son aage plus gaillard
Au service de Dieu, ores César imite ?

Je ne sçay qui des deux est le moins abusé :
Mais je pense (Morel) qu’il est fort mal aisé,
Que l’un soit bon guerrier, ny l’autre bon hermite.