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cette ville. Du Bellay en avait été averti par un monsieur de Saint-Ferme. Or quel ne fut pas son étonnement en rentrant en France d’en trouver « une infinité de coppies » tant à Lyon qu’à Paris. Vainement il intenta des procès à quelques imprimeurs « qui furent condamnés en amendes et réparations », ses Regrets faisaient malgré tout leur tour de France. « Voyant donc qu’il n’y avait d’autre remède et qu’il lui était impossible de supprimer tant de coppies publiées partout, il se décida sur les instances du roi qui en avait lu la plus grande part à les faire imprimer sans autrement les revoir, ne pensant qu’il y eust chose qui deubt offencer personne. »

C’est alors que le cardinal du Bellay lui retira sa protection. Le cardinal, il ne faut pas l’oublier, était le doyen du Sacré-Collége, et, quoiqu’il fût indépendant de son caractère et libéral de sa nature, il était tenu de s’observer par sa position même. Or, on savait au Vatican qu’il avait eu pendant quatre ans et demi Joachim du Bellay comme intendant de son palais à Rome, et il avait de bonnes raisons pour craindre que la cour et les cardinaux le rendissent en quelque sorte responsable des écarts de plume de son neveu. Joachim du Bellay avait beau dire que le roi n’avait rien trouvé dans ses Regrets qui pût offenser personne, ce n’en était pas moins une satire des plus acerbes et qui frappait le pape et toute sa cour en pleine poitrine.

Que devaient-ils penser, je vous le demande, de sonnets aussi irrévencieux que celui-ci :