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les déconvenues de son voyage en Italie qui, cependant, lui procura le doux plaisir d’aimer et d’être aimé.

Évidemment, quand il écrivit ce sonnet lamentable, l’auteur des Regrets ne connaissait pas encore Faustine, car à partir du jour où il se laissa prendre à ses charmes, nous le voyons moins triste et surtout moins pressé de quitter Rome. Quelle était donc cette belle maîtresse ?

Joachim du Bellay qui nous a raconté ses amours dans la langue d’Ovide n’a point jugé à propos de mettre son nom patronymique au bas du portrait qu’il nous a tracé d’elle[1].

Faustine devait appartenir à une noble famille, car le poète nous apprend qu’elle était convoitée pour sa beauté par les plus saints prélats revêtus de la pourpre.

Elle avait les yeux et les cheveux noirs ; le front blanc comme neige ; les joues vermeilles et les lèvres roses ; sa bouche avait des baisers et si longs et si doux que Joachim du Bellay lui avait donné le petit nom charmant de Colombelle.

Columbatim basia longa dabas.

Écoutez cette chanson d’amour dans laquelle il l’a célébrée :

Sus, ma petite colombelle,
Ma petite belle rebelle,
Qu’on me paye ce qu’on me doit :

  1. Joachimi Bellaii Andini poematum libri quatuor. Parisiis apud Federicum Morellum, 1558, in-4o.