Page:Séché - Joachim Du Bellay, 1880.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

probablement du cardinal, son parent, alla étudier le droit à Poitiers « pour parvenir dans les endroits publics, à l’exemple de ses ancêtres, qui s’étaient avancés à la cour par les armes ou les saints canons. » Poitiers possédait alors une des Universités les plus célèbres de France, et c’est là que Ronsard et Baïf qui furent avec du Bellay les trois grands maîtres de la pléiade, achevaient leur noviciat de sept années, sous la conduite de Jean Dorat. Du Bellay se lia avec eux, voici dans quelle circonstance.

Un jour, en 1548 ou 1549, il s’en revenait de Poitiers, quand il rencontra Ronsard dans une hôtellerie. Ils étaient tous deux un peu parents et je crois même que Ronsard avait été attaché pendant quelque temps à M. de Langey, quand il commandait en Piémont. La connaissance fut prompte et l’amitié suivit. Les deux poètes se communiquèrent leurs idées de réforme littéraire ; du Bellay avoua ses goûts pour le sonnet, que Mellin de Saint-Gelais avait rapporté le premier d’Italie ; Ronsard fut moins communicatif et laissa entendre seulement qu’il avait trouvé un nouveau rythme. C’était l’ode pindarique. Intrigué par le mystère dont Ronsard entourait sa découverte poétique, Joachim du Bellay, poussa l’indiscrétion, s’il faut en croire Colletet, jusqu’à soustraire du cabinet de son ami ses premières odes pindariques et à en composer de semblables pour les faire courir et prévenir ainsi la réputation de Ronsard. Celui-ci furieux de l’indélicatesse de du Bellay lui aurait intenté une action pour le recouvrement de ses papiers… mais, comme il avait au fond de tendres sentiments d’amitié pour son émule il lui aurait par-