Page:Séché - Joachim Du Bellay, 1880.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Saint-Point ; Chateaubriand en pleine mer. Tous sont couchés dans le lit qu’ils s’étaient fait de leur vivant. Pourquoi n’a-t-on pas rempli la volonté de Joachim du Bellay ? Pourquoi n’avoir pas creusé sa tombe au bord de la fontaine vive qui coule dans son ancien manoir ? Voilà ce qu’on ne saura probablement jamais et ce qu’aurait bien fait de nous apprendre Sainte-Beuve qui, malgré l’inexactitude de ses renseignements biographiques, a contribué plus que personne à mettre Joachim du Bellay en honneur parmi nous. En attendant, si j’étais propriétaire de l’ancien manoir du poète angevin, je demanderais ses os à tous les échos de la France, et je les déposerais là, non loin de ce « Loyre gaulois » qu’il aimait tant, au bord de la petite source qui semble pleurer l’immortel absent.

Ce n’est pas que M. Thoinnet de la Turmelière soit indifférent à la mémoire de Joachim du Bellay ; il est au contraire un de ceux qui gardent religieusement le culte du chant de l’Olive. Il a dans sa bibliothèque un censif fort curieux de la famille du poète, qui date de 1576 et qu’il tient enfermé comme une précieuse relique. Ce gros volume in-folio, indépendamment d’un titre calligraphié dans le goût de la Renaissance, présente grossièrement, mais exactement dessinées par l’intendant qui le tenait, les armes des du Bellay qui sont d’argent à la bande fuselée de gueules, accompagnée de six fleurs de lys d’azur rangées en orle, trois en chef et trois en pointe.

On peut voir en outre dans le salon du château moderne récemment restauré un magnifique médaillon en marbre blanc sur lequel est gravé en lettres rouges