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Pourquoi ? peut-être parce qu’il a plu un jour à Sainte-Beuve d’écrire dans son Tableau de la poésie française au XVIe siècle, « qu’il n’y avait pas de restes authentiques de l’ancien manoir du poète, et que tout ce que l’on savait de lui, à Liré, c’est qu’un grand homme y avait vécu jadis[1] ». C’est pourtant ainsi que se font les légendes. Je me demande où Sainte-Beuve avait puisé ces renseignements. M. Becq de Fouquières, qui, évidemment, s’en est rapporté au critique des Lundis, place Liré aux environs d’Angers[2]. Pourquoi pas aux environs de Nantes ? Liré est à douze lieues d’Angers, comme le fait remarquer Sainte-Beuve et après lui M. Marty-Laveaux dans sa belle édition des œuvres françaises du poète angevin[3], tandis qu’il n’est qu’à dix heures de Nantes.

Il me semble que Sainte-Beuve, d’ordinaire si précis dans les plus petits détails, aurait pu trouver entre Angers et Nantes, s’il s’était donné la peine de consulter la carte de la Loire, une ville assez importante et assez voisine de Liré pour y rattacher ce petit bourg.

Ancenis était désignée d’avance, puisqu’elle n’est qu’à un demi-kilomètre de Liré et que les du Bellay, seigneurs de Liré, partageaient autrefois le droit de péage et de pontonnage sur la Loire avec les barons d’Ancenis.

M. Marty-Laveaux et les autres biographes de Joachim du Bellay diront peut-être que le poète n’a jamais parlé d’Ancenis dans ses vers, et que sans cesse

  1. Édition Charpentier, 1869, page 353.
  2. Œuvres choisies de Joachim du Bellay, Charpentier, éditeur.
  3. La pléiade, collection Lemerre.