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PRÉFACE

blement peuplé de gens venus d’outremer à des époques lointaines. Habitués à l’initiative, ayant voyagé et vu beaucoup de choses, les pêcheurs avaient l’esprit plus aiguisé que les paysans et plus qu’eux ils avaient des sentiments élevés et charitables. Les deux populations vivaient sans se mélanger, mais il n’y avait pas, en général, d’hostilité entre elles ; pourtant les paysans accusaient certains pêcheurs d’être parfois peu respectueux de la propriété, et de prendre, par exemple, en passant, plus de pommes que l’usage n’autorise à en cueillir « pour la soif ».

Les pêcheuses jouaient dans le ménage un rôle considérable ; l’homme, une fois débarqué, considérait qu’il avait à peu près accompli sa tâche et qu’il pouvait se reposer. Souvent c’était la femme qui allait, à cette époque où l’exportation du poisson était limitée, rendre la pêche dans les bourgs ou dans les villes du voisinage ; mais c’était elle aussi qui avait la bourse ; en réalité, elle était à peu près la maîtresse à terre.

Depuis cette époque, sous l’influence des baigneurs et aussi en raison de circonstances économiques, les mœurs et les coutumes de ces îlots te sont modifiées ; l’évolution n’a pas toujours étéheu-