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iv
PRÉFACE

davantage à une époque, qui n’est pas très éloignée de nous, où les pêcheurs formaient des groupes assez compacts, vivant à l’écart des paysans du voisinage, et ne recevant que rarement la visite d’étrangers. Sur le littoral de la Manche bretonne ils occupaient des presqu’îles, parfois réunies au continent par un isthme étroit qui faisait donner à cette partie de la commune le nom d’ile, et ils étaient à peu près les seuls à l’habiter. À droite et à gauche les bateaux s’abritaient dans des petits ports naturels : beaucoup étaient dépourvus de jetées et de cales : on avait probablement, à des époques anciennes, suppléé à cette absence de travaux d’art véritables, en entassant des grosses pierres, de manière à former une sorte de mur qui s’avançait un peu en mer ; c’est à ces cales primitives que les canots venaient prendre ou débarquer les hommes ; d’étroits sentiers serpentant le long de la falaise conduisaient au village. Alors que dans la partie de la commune habitée par les paysans, les habitations étaient dispersées, celles des pêcheurs étaient presque toujours réunies sur un seul point, et formaient des rues et des ruelles ; lorsque ces villages étaient sur les hauteurs, les maisons