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Le maréchal Le Bœuf était venu déclarer à la tribune qu’on était prêt, archi-prêt, que, la guerre dût-elle durer deux ans, on n’aurait pas besoin d’un seul bouton de guêtre.

Bientôt les faits démentirent ces paroles.

L’armée était à peine entrée en campagne, qu’on s’aperçut que bien des choses nécessaires lui manquaient. Les dépêches des intendants et des généraux, qui ont été publiées, montrent combien les gens auxquels la France avait confié le gouvernement étaient imprévoyants : on n’avait pas de chassepots, malgré les sommes énormes votées par le Corps législatif en 1866 et 1867 pour en fabriquer : on n’avait pas des canons en nombre suffisant, on n’avait pas de cartes, certains corps manquaient d’approvisionnements et de matériel, etc.

L’Empereur, au lieu de donner le commandement à un seul chef, l’avait divisé entre plusieurs généraux presque indépendants les uns des autres, et dont quelques-uns n’avaient d’autre titre à ces hautes fonctions que la faveur dont ils jouissaient à la cour. En agissant ainsi, il avait pour but de se réserver la direction des opérations, et c’est sur lui que doit retomber la responsabilité de nos malheurs.

De cette division de commandement ré-