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faire sa provision de légumes. Elle lui marchanda ses grosses carottes, et Pierre lui en vendit plusieurs. Elle rentra à la maison, et quand ses sœurs sentirent les carottes qui avaient vraiment une excellente odeur, elles voulurent les goûter ; on en coupa trois tranches, et les trois sœurs y goûtèrent en même temps. Aussitôt elles furent changées en ânes.

Pierre retourna chez sa grand*mère, et fit venir un entrepreneur, auquel il commanda de lui bâtir un château, et, pour amener les matériaux, il lui prêta trois ânes qu’il avait : c’étaient les trois sœurs, en lui recommandant de ne pas les épargner. L’entrepreneur les rouait de coups, et leur donnait à manger un peu de son et d’avoine ; mais elles ne voulaient pas y toucher. Le soir venu, quand on les ramenait chez Pierre, il leur portait de la viande, du pain et du vin, en leur disant que si elles voulaient lui rendre la tête de l’oiseau, la bourse et le manteau, il les ferait redevenir femmes.

Elles finirent par y consentir, et quand