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— Ma foi, répondit la bonne femme, j’ai pensé que vous ne trouveriez pas grand’chose dessus, et je l’ai donnée à mon gars Pierre.

Le monsieur se mit à découper l’oiseau, et quand il l’eut ouvert, il chercha le cœur partout.

— Où donc est le cœur ? demanda-t-il.

— Yves-Marie était à me tracasser ; j’ai pensé que vous ne mangeriez pas le cœur et je le lui ai donné.

— Gardez votre fille, bonne femme ; je n’en veux plus pour mon fils ; qu’elle reste pâtoure de vaches toute sa vie !

Le monsieur s’en alla tout mécontent avec ses deux fils. Voilà le bonhomme en colère :

— C’est ta faute, dit-il à sa femme ; tu ne fais que des sottises.

— Mes garçons étaient à me tracasser, et je ne pensais pas mal faire en leur donnant la tête et le cœur de l’oiseau.

— Ah ! les vilains enfants ! Sans eux nous aurions été riches comme les messieurs de la ville, et notre fille serait devenue une dame.