Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pêcheur ; si je parviens à l’endormir, je pourrai délivrer la princesse.

Et il ordonna à un de ses matelots d’aller remplir une bouteille de l’eau de la fontaine, puis il s’approcha du diable, et lui en jeta deux ou trois gouttes. Aussitôt le diable tomba comme mort ; et il se mit à ronfler si fort qu’on l’entendait à un quart de lieue loin.

Alors le pêcheur alla trouver la princesse, et essaya de briser la chaîne qui la retenait prisonnière ; mais ce fut en vain qu’il y employa toutes ses forces. La princesse lui dit :

— Jamais ni vous ni personne ne pourrez casser cette chaîne ; mais si vous aviez une goutte d’eau bénite, elle se briserait comme verre.

En partant, le pêcheur, qui savait qu’il aurait le diable à combattre, n’avait eu garde d’oublier l’eau bénite, et il alla en chercher dans son navire. Dès qu’il en eut mis quelques gouttes sur la chaîne, elle se cassa en plusieurs morceaux, et la princesse put sortir de sa prison.