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bateau. Dès qu’il y eut mis le pied, le bateau devint un grand navire, plus grand que le plus fort Trois-ponts de Brest. Le diable était bien étonné, et il ouvrait des yeux grands comme des écubiers. Il resta à se divertir avec les matelots, qui lui firent boire des liqueurs, et quand il descendit à terre, il était saoul comme une gabare, et ne savait plus ce qu’il faisait.

Le pêcheur qui l’avait reconduit lui dit :

— Vous avez de la chance, vous ; vous pouvez faire tout ce que vous voulez, et on ne peut rien vous faire sans que vous en soyez aussitôt averti.

— C’est vrai, répondit le diable ; je ne m’endors que quand je veux ; pour cela il me suffit de jeter sur ma tête deux ou trois gouttes de l’eau de cette fontaine. Alors je dors comme une souche pendant deux jours ; mais je ne dors pas souvent, car je sais qu’on veut me tromper, et je ne suis pas assez sot pour me laisser faire.

— Voilà qui est bon à savoir, pensa le