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Quand il n’y eut plus de poudre à bord, on cessa de tirer, et au bout de quelques jours, les deux navires arrivèrent ensemble en vue de l’île où le diable retenait la princesse prisonnière. Il y avait un port ; mais la passe était si étroite que le petit bateau seul put y entrer, et le grand vaisseau fut forcé de rester sur la rade.

Les trois pêcheurs descendirent à terre, et le fils de Jacques alla voir le diable qui gardait la princesse et lui dit, en prenant un air tout diot[1] :

— Je suis venu ici pour voir la princesse ; si vous avez la bonté de me laisser passer une heure avec elle, je vous en serai reconnaissant, et je vous ferai visiter mon navire qui est le plus beau qui jamais ait navigué sur mer.

Le diable qui croyait avoir affaire à un innocent, laissa le pêcheur voir la princesse, et le lendemain il se rendit à bord du petit

  1. Innocent.