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il ne tarda pas à rattraper le petit bateau, et dès qu’il l’aperçut, il lui tira un coup de canon. Le pêcheur qui ne savait ce que cela voulait dire, consulta sa baguette, qui lui répondit :

— Ce vaisseau que tu vois part pour délivrer la princesse. Ceux qui le montent te veulent du mal et ont juré de te faire périr.

Dès que le pêcheur eut entendu ces paroles, il ordonna à son bateau de marcher aussi vite que le vaisseau du prince ; quand celui-ci vit qu’il ne pouvait atteindre le petit bateau, il donna à ses canonniers l’ordre de le couler ; mais à chaque coup qu’ils tiraient, le petit bateau disparaissait sous les flots, et reparaissait dès qu’il n’y avait plus de danger. Le prince ne se tenait plus, tant il était en colère : il ordonna à ses canonniers de tirer leur bordée entière. Pendant plusieurs heures ils canonnèrent le petit bateau mais ils ne l’atteignaient point, car à chaque bordée, il s’enfonçait dans la mer, et reparaissait ensuite, marchant toujours de la même allure que le grand vaisseau.