Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eioù qu’est l’Ra, mamezelle ?

— Dans sa chambre, répondit-elle ; qu’est-ce que vous lui voulez ?

— Dieu me danse, mon fû, j’voulons li donner un païsson.

La domestique alla avertir le roi, qui descendit l’escalier et vint voir les Jaguens. Ils ne lui dirent ni bonjour ni bonsoir ; mais l’un d’eux s’avança vers lui et lui présenta son minard, qui était bientôt tout consommé, et sentait fort mauvais, puis il lui dit :

— Tenez, monsieu le Ra, v’la un biau païsson que je vous ons apporté ; pernez-le, je vous l’donnons. Fa d’conscience, mon fû, jamais je n’avons pu le kneute (connaître) Jacques, Désiré et ma, et n’y a personne dans tout Saint-Jégu qu’en ait vu un domé (semblable), i’ det être ben bon, monsieur le Ra ! asteure v’étes ben maigue, quasiment comme un coucou ; mais si vous pouvez l’ava mangé, vous devienrez gras comme un p’tit pourcé, respé d’la compagnie, mon p’tit fû.

Le roi, voyant qu’il avait affaire à des diots,