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écus ; mais je ne les vends pas l’un sans l’autre.

Cela parut bizarre aux acheteurs ; toutefois comme la vache était bonne, il s’en trouva un qui l’acheta, ainsi que le chat et donna quarante et un écus pour le tout.

Après la foire, le fermier alla trouver son maître, et lui remit un écu, en lui offrant de prouver par témoins que c’était bien là le prix réel de la vache qu’il avait vendue ; et le maître, lié par sa promesse, fut obligé de s’en contenter.

Le domestique d’un recteur, qui avait entendu leur conversation, et appris qu’un seul chat avait été payé quarante écus, ramassa dans un sac tous les chats qu’il put trouver, et les porta à la foire.

— Qu’as-tu dans ton sac ? lui demandait-on.

— Des chats à quarante écus la pièce.

— Tu n’as pas de honte ? disaient les marchands, en riant de lui et en haussant les épaules.

— Non, messieurs, pas aujourd’hui ; mais j’en aurai peut-être une autre fois.