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tra un monsieur qui lui demanda pourquoi il avait la mine aussi triste que s’il venait d’enterrer sa mère.

— Ah ! répondit-il, c’est que j’ai bien du chagrin ; j’ai fait un prêtre de mon fils aîné ; mais j’ai dépensé tout mon argent à le pousser[1], et il ne m’en reste plus pour envoyer le second à l’école ; pourtant je voudrais pouvoir le traiter comme l’autre et faire de lui un prêtre.

— N’est-ce que cela ? dit le monsieur ; je puis vous tirer d’inquiétude : si vous voulez me donner votre peau quand vous serez mort, je vous fournirai de l’argent à discrétion et vous pourrez aussi pousser votre second fils.

— Ma foi, dit le bonhomme ; que ferai-je de ma peau quand je serai mort ? rien du tout ; je peux bien vous la donner, car en le faisant, je ne ferai du tort qu’aux vers.

Le monsieur, qui était le diable, lui donna aussitôt de l’argent. Le bonhomme envoya son

  1. Expression employée à la campagne pour dire : donner de l’éducation.