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Ils tuèrent la génisse ; mais ils étaient si avares qu’ils regrettaient de ne pouvoir la conserver, tout en acquérant la richesse qu’elle devait leur procurer. Quand les pieds furent apprêtés, ils s’occupèrent de savoir ce qu’ils allaient demander.

— Nous avons, dit la femme, un gentil garçon ; je voudrais qu’il ait de la barbe.

Le mari frappa sur l’un des pieds de la génisse, en disant :

— Par la vertu de ma petite baguette, je désire que mon fils ait de la barbe !

Aussitôt l’enfant devint barbu comme un sapeur ; mais il était si laid et si drôle, que la mère s’écria :

— Il ne faut pas qu’il reste de même ; demande que sa barbe lui soit enlevée !

Le mari ne s’en souciait guère, car il voyait qu’il allait perdre deux de ses dons, sans avoir obtenu la richesse. Il finit tout de même par consentir à frapper sur le second pied en prononçant la formule, et la barbe de son petit garçon disparut.