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crétion, ce qui ne leur arrivait pas souvent. Mais, comme on n’en avait invité que deux, il fallait les choisir et laisser les quatre autres à la maison.

Ils se mirent en route, et le père était tout triste et ne pouvait s’empêcher de pleurer en songeant que ceux qui restaient n’avaient qu’une galette et demie à partager entre eux quatre et leur mère ; mais les deux enfants qui s’en allaient avec lui étaient bien contents : ils sautaient et gambadaient comme de jeunes poulains. En arrivant près d’une croix, ils virent une petite bonne femme assise sur le bord du chemin ; elle dit au père :

— Pourquoi pleurez-vous, tandis que ces deux garçons paraissent si gais ?

— Ah ! ma pauvre bonne femme, répondit-il, je serais bien joyeux aussi moi, si j’avais du pain pour ma femme et les quatre enfants qui sont restés à la maison ; mais ils n’ont pour leur souper qu’une galette et demie.

— C’est bien peu en effet, dit-elle ; est-ce que vous n’avez pas de pain ?