Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la maison s’approcha de lui ; il était grand comme un géant, paraissait fort comme un cheval, et il n’avait qu’un œil au milieu du front. Il demanda au jeune homme s’il voulait manger de la viande.

— Non, répondit-il, je n’ai pas faim.

— Tu en mangeras tout de même, dit le géant, ou tu vas y passer.

Le jeune homme attira un pistolet qu’il avait dans sa poche, et visa si bien le géant qu’il lui creva son œil.

— Scélérat ! s’écria le géant : tu voulais me tuer ; tu n’as pu que crever mon œil, mais tu ne mourras que de ma main, et je te mangerai !

Le garçon courut se réfugier au milieu des moutons. Le géant alla pour l’y chercher, mais il ne le trouvait point. Alors, il ouvrit la porte et fit sortir les moutons, les uns après les autres, en les appelant par leur nom, et à mesure qu’ils passaient près de lui, il les tâtait. Quand il n’y eut plus que trois ou quatre moutons, le jeune homme se mit sous