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avait point d’eau. Quand il y fut arrivé, il entra dans une auberge, et demanda une chopine de cidre. Quand il l’eut bue, il vit l’aubergiste qui lavait avec du cidre l’écuelle dont il s’était servi.

— Pourquoi, demanda-t-il, ne la lavez-vous pas avec de l’eau ?

— Ah ! mon pauvre homme ; c’est qu’ici l’eau est chère : elle vaut plus de trois cents francs la barrique.

— Que donneriez-vous à celui qui vous procurerait de l’eau en abondance ?

— Je pense, répondit l’aubergiste, qu’on lui donnerait au moins cent mille francs.

— Donnez-les moi, dit le soldat, et je me charge de vous faire avoir de l’eau.

Toute la ville se cotisa pour faire la somme ; alors le soldat demanda une hache, et arriva près de l’arbre qui buvait toute l’eau. Au premier coup qu’il frappa, il vint un peu d’eau, au second il vint un peu plus ; au troisième, elle se répandit partout sur la terre. Les gens se hâtèrent de remplir les tonneaux, les bar-