Page:Sébillot - Contes des landes et des grèves.djvu/186

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’y a en effet guère moyen, répondit le capitaine, et ce n’est pas la peine d’essayer.

— Non, mais un jour venant je serai démorphosé, et je vous suis bien reconnaissant de m’avoir pris à votre bord ; car les féetauds m’ont dit que si je naviguais ils me feraient grâce de trois ans. Ainsi j’ai encore six ans à être rat.

Le capitaine fut bien aise d’entendre ces paroles, et il dit au rat :

— As-tu des parents ?

— Non ; mon père, qui était marin, s’est noyé, et ma mère a eu tant de chagrin de me voir emmorphosé qu’elle en est morte.

En disant cela, le rat se mit à pleurer.

— Ne pleure pas, lui dit le capitaine ; désormais je prendrai soin de toi.

Cependant le navire, qui faisait route pour la Chine, essuya un grand coup de vent : le capitaine commanda de haler bas le clin-foc et le petit perroquet. Aussitôt le rat grimpa dans la mâture, serra le perroquet, puis, voyant que le navire avait encore trop de