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appartenait à une fée. Je faisais mon métier de mon mieux : malgré cela, le féetaud[1] qui était notre capitaine, me frappait à chaque instant à coups de bottes, et ne me donnait presque rien à manger. Las de recevoir tant de coups, j’ai quitté le navire des fées, et pour me punir elles m’ont changé en rat et condamné à rester dix ans sous cette forme.

— Avant d’avoir été emmorphosé, vous deviez avoir un nom, dit le capitaine, puisque vous êtes fils de chrétiens et baptisé.

— Oui ; on m’appelait Pierre ; mais je ne vous dirai pas mon nom de famille, car les sorcières de fées me l’ont défendu.

— Quel âge avez-vous, Pierre ?

— J’ai douze ans, capitaine.

— Mais puisque vous avez déjà navigué, vous devriez vous embarquer au lieu de courir les rues, au risque de rencontrer quelque chat qui vous étranglerait tout net.

— Je ne demanderais pas mieux, capitaine, si je trouvais un navire.

  1. Fée mâle.