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Un soir qu’il se promenait dans les rues de Nantes, il vit venir un gros rat qui se mit à marcher à ses côtés, réglant son pas sur le sien.

— Voilà, pensa le capitaine, un rat qui n’est pas peureux. Toutefois il allait avoir peur, pensant que c’était quelque diable, lorsque le rat lui adressa la parole.

— Vous avez peur, capitaine ; vous n’avez pourtant rien à craindre de moi : je ne vous ferai pas de mal ; je puis au contraire vous rendre service.

— Les rats parlent donc dans ce pays-ci ? dit le capitaine.

— Ils ne parlent pas tous, répondit le rat en riant ; je crois même qu’il n’y a que moi à pouvoir le faire. Aussi je ne suis pas un véritable rat, mais un homme emmorphosé.

— Vous êtes emmorphosé ![1] est-ce possible ?

— Oui, dit le rat en pleurant : il y a six mois, je m’étais embarqué sur un navire qui

  1. Métamorphosé.