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jeune fille. Le soir celle-ci donna encore à son fiancé une tasse de la tisane qui faisait dormir jusqu’au matin ; aussi, quand elle fut dans la chambre, elle eut beau s’approcher du lit où le jeune homme était couché, l’appeler par son nom, et lui rappeler qu’elle lui avait tenu compagnie pendant sept années, il n’entendait rien ; elle lui prit la main et même le pinça plus dur que la veille : il dormait si profondément qu’il ne se réveilla point, et, au matin, elle retourna, le cœur bien gros, travailler à sa lingerie.

Le maître-jardinier du château, qui couchait dans une chambre voisine de celle de son maître, avait entendu la voix de la jeune fille ; il vint trouver son maître et lui dit :

— Monsieur, avec votre permission, je viens vous dire que les deux dernières nuits j’ai entendu parler dans votre chambre ; c’était une voix de femme qui vous faisait des reproches et se plaignait de vous. Il faut que vous ne l’ayez pas entendue, car autrement vous l’auriez mise à la porte.