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le tonneau. L’enfant mourra, mais du moins il aura eu le temps de se revoir.

Ils mirent l’enfant dans le tonneau avec un peu d’eau et de biscuit et le jetèrent à la mer.

Quand le mousse fut dans son tonneau qui flottait suivies vagues, il se dit : « S’il passe quelque navire, il me sauvera peut-être, ou bien la mer peut me jeter sur quelque rivage ; je vais tâcher de prolonger ma vie le plus que je pourrai.

Chaque jour il ne mangeait qu’un peu de biscuit, et il le trempait seulement dans l’eau pour faire durer davantage ses provisions. Il y avait déjà plusieurs jours qu’il était dans le tonneau, et comme il ne pouvait ni se changer ni se laver, les poux commençaient à le piquer. En se grattant, il se prit la main dans son cordon :

— Ah ! se dit-il, moi qui n’avais pas pensé à mon cordon ! il faut que je voie si vraiment il a du pouvoir. Je vais lui demander de diriger ma route vers le port où va le navire où j’étais, afin que je puisse faire pendre ces méchantes gens. Mais, pensa-t-il, il faut que je sois invisible et ma maison aussi jusqu’à l’arrivée dans le port, car s’ils me voyaient ils me tueraient cette fois.

Aussitôt qu’il eut formé ce désir, voilà le vent qui pousse le tonneau dans le sillage du navire. Les provisions du mousse étaient presque à leur fin, il dit :

— Par la vertu de mon petit cordon, qu’il me soit apporté une bouteille de bon vin et du pain frais.

À l’instant, voilà le pain frais et le vin arrivés ; le mousse était