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— Soit, répondit le commandant, je n’ai rien à te refuser.

Jean Cate alla voir sa femme qui avait eu un beau petit garçon. La Fleur du Rocher suivit le régiment à la guerre ; elle avait toujours avec elle sa petite bouteille, et dès qu’un soldat était blessé, elle le frottait avec un peu de baume, et il guérissait aussitôt. Partout où ils étaient, le régiment remportait la victoire, et Jean Cate monta de grade en grade, si bien qu’il était le premier en France après le roi.

Il s’était passé du temps depuis qu’ils avaient quitté la Houle de la Corbière ; le garçon de Jean Cate avait seize ans, et une fille qui était venue depuis, douze ans. La Fleur du Rocher dit à son mari :

— Je suis fatiguée, et je ne me sens pas bien, je ne veux plus suivre l’armée.

Ils se retirèrent à Brest, et Jean Cate, qui n’avait jamais dit le secret de son épée, la donna à son fils, en lui recommandant de ne jamais le révéler à personne.

La Fleur du Rocher tomba malade, et, comme elle sentait sa fin venir, elle dit à sa fille :

— Je te donne le secret que ma mère m’a confié en mourant : voici ma baguette et ma petite bouteille, voici les trois clés qui ouvrent les portes des trésors qui vous appartiennent, et qui sont dans mon château : il est caché sous terre et on y entre par la Houle de la Corbière ; conserve bien les clés, ou votre fortune serait perdue. Si tu suis ton frère à l’armée, tu pourras avec cette bouteille guérir toutes les blessures.

La Fleur du Rocher mourut, et sa fille conserva ses clés pendues au cou par un cordon ; elle resta trois ou quatre ans encore avec