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couvrant la casserole ; si vous voulez, nous allons jouer aux cartes en attendant que tout soit prêt.




Les diables s’attablèrent, et le plus jeune laissa tomber à terre une des cartes de son jeu.

— Relève ma carte, dit-il à Jean.

— Tu pourrais parler mieux et faire ta besogne toi-même : me prends-tu pour ton domestique ?

Comme le jeune diable se baissait pour ramasser sa carte, Jean sans Peur lui passa adroitement l’étole du prêtre autour du cou, et à cette vue, les autres démons s’enfuirent, laissant leur camarade se tirer d’affaire comme il pourrait.

Le petit diable se démenait aussi fort que s’il avait été dans une cuve d’eau bénite, et il suppliait Jean de le délivrer de l’étole qui le brûlait comme un collier de fer rouge.

— Ah ! répondait Jean, te voilà bien attrapé, toi qui croyais prendre les autres ; mais avant que je te permette de t’en aller, dis-moi pourquoi tu voulais que je ramasse ta carte ?

— Pour te pousser dans un puits qui est sous la table.

— Bien obligé ; mais je ne suis pas rancuneux, et je consens à te