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la Belle aux clés d’or ; mais cette fois, je crois bien que ma mort est au bout.

— Non, dit-elle, ne t’effraye pas ; tu vas demander au roi de te faire construire un navire, le plus grand qu’on pourra faire. Tu le chargeras de vin et de mets délicieux, et tu retourneras au château. Tu verras les géants qui le portent sur leur tête, et après leur avoir donné à manger, tu leur diras de venir avec toi dans ton pays.

Le roi fit construire pour son berger un navire, le plus grand qui eût été fait ; on le chargea de vins et de mets délicieux, et il mit à la voile pour aller dans l’ouest-nord-ouest au château de la Belle aux clés d’or. Quand le jeune homme y arriva, les géants qui soutenaient le château sur leur tête avaient si grand’faim qu’ils allaient se battre pour se manger. Il fit débarquer les vins et les vivres, et les géants se régalèrent ; ils vidaient par la bonde les barriques de vin et mangeaient un bœuf à chaque fois.

— Vous êtes meilleur que notre maître, lui dirent-ils ; il nous laisse crever de faim.

— Si vous voulez venir dans mon pays, répondit-il, je vous donnerai à manger tant que vous voudrez. Le château que vous portez vous paraît-il bien lourd ?

— Non, il ne pèse pas plus qu’une plume.

— Voulez-vous l’emporter avec vous ?

— Oui, volontiers.

Il embarqua les géants qui portaient le château sur leur tête, et quand il arriva, il les fit débarquer et les conduisit à la Belle aux clés d’or.

Lorsque le roi vit le château venu, il était bien joyeux et il dit à la princesse :