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me rapportes ses clés d’or ou il n’y a que la mort pour toi.

Le pâtour alla trouver sa jument blanche ; il y avait longtemps qu’elle ne l’avait vu, et elle commençait à être malade de chagrin ; mais il la caressa et elle fut tout d’un coup guérie. Comme il avait la mine triste, elle lui demanda pourquoi il se chagrinait encore.

— J’ai amené au roi la Belle aux clés d’or, répondit-il ; maintenant il veut que j’aille chercher ses clés qu’elle a jetées à la mer.

— S’il n’y a que cela, dit la jument blanche, tu peux te consoler. Demande au roi de te faire construire un navire de petite taille, mais bon marcheur ; tu mettras à l’arrière une pierre bien droite, et quand tu seras à peu près rendu à l’endroit où la Belle a jeté ses clés d’or à la mer, tu frapperas trois coups sur la pierre avec cette baguette. Tu verras sortir de l’eau un petit homme qui menacera de te dévorer ; mais ne t’effraye pas et frappe-lui sur la tête avec ta baguette, jusqu’à ce qu’il ait jeté les clés sur le pont du navire.

Le pâtour alla demander au roi un navire petit, mais bon marcheur, et il s’embarqua à bord pour se rendre à l’endroit où la princesse avait lancé ses clés à la mer. Quand il y fut rendu, il frappa trois coups de baguette sur la pierre qui était dressée bien droite à l’arrière ; aussitôt, il vit sortir de la mer un petit homme qui ouvrait une grande bouche en criant :

— Je vais te manger ! je vais te manger !

Mais le jeune homme se mit à lui frapper des coups de baguette sur la tête en lui disant :

— Si tu ne vas pas me chercher les clés d’or que la princesse a lancées dans la mer, je vais continuer à te battre.

Le petit homme plongea dans l’eau, et il en rapporta les clés d’or qu’il jeta sur le pont. Aussitôt le navire se remit en marche et il ne tarda pas à arriver au port, qu’il salua avec son artillerie.