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— Cela m’est égal, dit le roi, amène-la ici, ou il n’y a que la mort pour toi.

Le berger se rendit en pleurant à la pâture où était la jument blanche, qui en le voyant se mit à sauter de joie ; mais elle s’aperçut bientôt qu’il avait l’air affligé :

— Pourquoi es-tu triste ? lui demanda-t-elle.

— Le roi m’a ordonné de lui amener la Belle aux clés d’or : je ne sais pas où elle demeure et je me désole, car si je n’y parviens pas, il a juré de me tuer.

— N’est-ce que cela ? répondit la jument. Ce n’est pas la peine de te chagriner pour si peu. Tu vas dire au roi de te faire construire un vaisseau qui brille comme le soleil : tu t’y embarqueras avec quelques hommes d’équipage, et tu te dirigeras vers l’ouest-nord-ouest. Tu arriveras au château de la Belle aux clés d’or qui est bâti au pied des montagnes et soutenu par quatre géants. Les montagnes brillent comme des diamants parce qu’elles sont couvertes de neige. Là tu verras la Belle aux clés d’or et tu l’inviteras à monter à bord de ton vaisseau.

Le jeune prince alla demander au roi un vaisseau brillant comme le soleil ; quand il fut terminé, il s’embarqua dedans avec son équipage, et suivant les indications de la jument blanche, il vint mouiller en vue du château de la Belle aux clés d’or. La princesse était à sa fenêtre et elle regardait le navire.

— Bonjour, princesse, lui dit le jeune homme.

— Bonjour, sire, répondit la Belle aux clés d’or, qui prenait le berger pour un roi.