Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Excusez-moi, répondit le jeune prince, je ne savais pas qui vous étiez.

— Je vais te tuer, dit l’homme aux grandes dents.

Mais le prince se mit tant à le supplier de le laisser vivre, qu’il se laissa toucher et lui dit :

— Je vais t’accorder la vie ; mais tu seras mon domestique et tu feras tout ce que je te commanderai.

Il le mena dans son écurie où il y avait deux chevaux : l’un, qui était gris, avait une auge pleine d’avoine ; l’autre, qui était une jument blanche, n’avait devant elle que des fagots.

— Tu auras soin, lui dit-il, de bien nourrir le cheval gris et de lui donner à boire l’eau de la claire fontaine ; pour la jument tu la laisseras sans manger, et tous les jours tu la frapperas à grands coups de trique ; je pars pour six mois, mais obéis-moi bien, ou gare à toi, car j’ai une cloche qui m’avertit de tout ce qui se passe ici.

L’homme partit ; le lendemain le prince soigna de son mieux le cheval gris et se mit à frapper la jument blanche.