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— Sors de ma forêt, lui cria-t-il ; je t’avais défendu d’y revenir.

Elle s’en alla sans mot dire : il continua à chasser et remplit sa gibecière de lapins et de lièvres.

Le troisième jour, il vit la bonne femme au même endroit :

— Ah ! pour le coup, s’écria-t-il, je vais te battre.

Il se mit à la frapper si fort qu’il la jeta par terre. Elle se releva et disparut. Le jeune prince continua à chasser dans la forêt, et il vit au milieu d’une clairière un lièvre assis sur son derrière et qui le regardait.

— Tiens, pensa-t-il, voici un lièvre qui n’est point farouche.

Il voulut le prendre ; mais le lièvre se leva, et il marchait du même pas que le chasseur, courant quand il courait, s’arrêtant quand il s’arrêtait. Le prince le poursuivit toute la journée sans pouvoir l’atteindre, et à la nuit, il le vit disparaître dans une caverne où il entra à sa suite. Alors parut devant lui un bonhomme qui avait les dents longues comme la main, et qui lui dit :

— Ce n’est plus à un lièvre ni à une bonne femme, c’est à moi que tu vas avoir affaire.