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Par son ordre, celui dont le crachat produisait du verglas se mit à cracher sur le terrain qui se trouvait devant la cavalerie ennemie, et il le rendit si glissant que les chevaux tombaient pêle-mêle par terre et ne pouvaient avancer.

L’homme au bissac fit sortir la nuit qu’il tenait, enfermée dans un des côtés de sa besace et enveloppa les ennemis d’une obscurité si profonde que c’est à peine s’ils apercevaient la pointe de leurs lances ; l’armée du roi était en pleine lumière, et le guerrier dont l’épée tranchait à sept lieues de distance coupait les ennemis par le milieu du corps, faisait voler les têtes et les bras, et en peu d’instants la grande armée des adversaires du roi fut détruite.

Quand le pâtour vit que cette troisième épreuve était accomplie, il commanda à sa baguette de lui donner le costume et l’air d’un seigneur. Il se hâta de revenir au château du roi, et il avait si bonne mine que la princesse le trouva fort à son goût et ne fit aucune difficulté de l’épouser.

Il y eut de grandes noces à l’occasion de ce mariage : peu après le roi mourut, et son gendre qui lui succéda régna heureusement pendant de longues années, au grand contentement de ses sujets.


Conté en 1878, par Jean Bouchery, de Dourdain.