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Laissez-moi tenter l’aventure, ma bourgeoise, répartit le berger : j’ai comme une idée que cela ne tournera point aussi mal que vous le croyez.

— Eh bien ! j’y consens, mais si tu es maltraité, personne ne te plaindra, car tu as été averti.

Le pâtour cueillit des pêches qu’il choisit une à une, leur fit un matelas de mousse et de feuilles pour empêcher qu’elles fussent meurtries, et vêtu de ses habits des dimanches, il se mit en route son panier au bras, en marchant d’un pas posé.

La vieille mendiante vint aussi lui demander ce qu’il avait dans son panier pour le porter comme un Saint-Sacrement.

— Des pêches, ma bonne femme : elles sont pour la fille du roi, mais comme j’en ai plusieurs douzaines, si vous avez envie d’en manger, je vous en donnerai quelques-unes avec plaisir.

— Tu es bien honnête, mon garçon ; j’accepte, et comme tu t’es montré bienveillant à l’égard d’une pauvre vieille chercheuse de pain, je vais te faire à mon tour un présent. Voici une petite baguette blanche qui te procurera ce que tu désireras ; mais prends bien garde à tes souhaits, car son pouvoir est limité et tu ne pourras t’en servir que trois fois. Va, et si tu sais te conduire, tu épouseras la fille du roi.

Avant de quitter la bonne femme, le jeune gars la remercia de sa bonté, puis, continuant sa route, il arriva au palais du roi. Quand celui-ci vit venir ce jeune pâtour qui n’était pas des mieux habillés, il crut avoir affaire comme les jours précédents à un mauvais plaisant, et il refusa d’abord de l’admettre en sa présence ; mais on lui dit que le jeune gars avait l’air doux et poli, et il ordonna de l’introduire, en jurant que s’il avait l’audace de lui jouer une farce, il l’en ferait repentir pendant toute sa vie. Mais quand il eut soulevé