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nier, au lieu d’y trouver des pêches appétissantes et fraîches, on y vit des cornes de bouc qui sentaient si mauvais que chacun se bouchait le nez. Le roi crut que le seigneur avait voulu se moquer de lui, et il le chassa de sa cour avec défense de jamais y reparaître.




Le lendemain, le fils de la fermière se mit en route à son tour après avoir cueilli d’autres pêches qui avaient mûri dans la nuit ; sur le bord du chemin il rencontra aussi la vieille femme qui lui demanda :

— Qu’y a-t-il dans votre panier, mon joli garçon ?

— Des crottes de brebis, répondit-il insolemment.

— Ainsi soit comme vous l’avez dit.

Quand le gars ouvrit son panier pour montrer ses pêches au roi, il ne contenait plus que des crottes de brebis, et le prince, encore plus fâché que la veille, ordonna à ses domestiques de mettre à la porte ce mal appris, et de le traiter de manière à lui ôter l’envie de jouer de pareils tours à son seigneur. Le jeune homme revint à la ferme tout penaud et les épaules meurtries des coups qu’il avait reçus, car les gens du roi n’y allaient pas de main-morte.