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passé la main sous l’oreiller et s’était saisi de la tabatière. Il l’ouvrit aussitôt et entendit une petite voix qui lui disait :

— Maître, qu’y a-t-il pour votre service ?

— Je voudrais, répondit le pêcheur, que mon château soit de nouveau transporté dans le jardin de mon beau-père, à la place où il se trouvait avant que ce scélérat m’eût enlevé ma tabatière.

À l’instant il sentit que le château était soulevé et transporté dans les airs ; il le vit passer au-dessus des vastes mers et des grandes forêts qu’il traversait en un clin d’œil, et bientôt il fut posé immobile dans le jardin du roi, en face de son palais.

Le roi, qui s’éveillait en ce moment, se mit à la fenêtre et revoyant le château suspendu par quatre chaînes d’or entre le ciel et la terre, il se frotta les yeux, croyant qu’il avait la berlue ; mais il vit venir son gendre et sa fille qui l’embrassèrent et lui racontèrent ce qui était arrivé.

Il en fut bien joyeux, et pour punir celui qui s’était emparé de la tabatière magique, il le fit écarteler par quatre chevaux. Il y eut de grandes réjouissances pour célébrer le retour de la princesse, et le pêcheur vécut heureux avec elle ; mais il avait soin, de peur d’un nouvel accident, de porter toujours avec lui la tabatière enchantée.


Conté en 1881 par Élie Ménard, de Plévenon.