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une pauvre pièce de deux sous : il n’y restait plus que la vieille tabatière que son beau-frère lui avait donnée. Il se mit à la regarder et fut sur le point de la jeter dans un coin, mais il pensa qu’elle contenait peut-être du tabac, et il l’ouvrit pour voir. Dès qu’il eut touché au couvercle, il entendit une petite voix qui disait :

— Maître, qu’y a-t-il pour votre service ?

— Ce qu’il y a pour mon service ? murmura le pêcheur bien ébahi d’ouïr parler sans voir personne, il y a beaucoup de choses ; pour le moment, je voudrais bien une table avec un bon dîner dessus.

Aussitôt se dressa devant lui une table couverte de pain et de viandes ; il y avait aussi des bouteilles de vin, et même le café et l’eau-de-vie n’étaient pas oubliés. Le pêcheur qui avait jeûné depuis quelques jours mangea de bon appétit, puis quand il n’eut plus faim, il rouvrit sa tabatière et lui ordonna de le transporter dans la chambre où dormait la fille du roi.




Aussitôt il s’éleva doucement au-dessus des nuages, comme s’il était porté sur les ailes des vents ; bientôt il fut déposé sur un lit bien souple, et il vit à côté de lui