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car il pensait que son beau-frère avait voulu se moquer de lui.

Le pêcheur s’ennuya fort après le départ de ses sœurs, et comme il avait la bourse bien garnie, il quitta sa cabane, s’habilla comme un bourgeois cossu, et alla à Paris. Pendant deux ans il y mena joyeuse vie, car il ne manquait de rien, ayant de l’argent plein ses poches ; mais il finit par voir la fin de ses écus, et quand il n’eut plus rien que des dettes, ses amis lui tournèrent le dos, et il fut mis à la porte de sa maison. Il se souvint alors de son village où il avait une petite cabane, et il résolut d’y retourner pour recommencer à mener son métier de pêcheur. Mais quand il arriva à la petite anse où il avait laissé son bateaù, il ne le vit plus, car Mistrau[1] l’avait enlevé, et il ne retrouva que son grappin et des bouts d’amarres à moitié pourris.




Il entra dans sa cabane qui avait aussi bien souffert du vent et de l’hiver, et il se mit à fouiller dans les poches de son cirage pour voir s’il n’y découvrirait pas quelque pièce de cent sous ; mais il eut beau retourner les poches, il n’y avait pas même

  1. Vent du nord.