Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon ami, vous faites bien votre service, et je n’ai rien à vous reprocher ; mais vous êtes trop vieux pour le voyage que nous entreprenons : voici votre paye, et même quelque chose en plus ; je vais vous faire conduire à terre.

— Comme vous voudrez, capitaine, répondit Faîto.

Il descendit dans un canot, et on le déposa sur les quais du port, pensant qu’on ne le reverrait plus.

Le navire continua sa route vers les Antilles, et il marchait rondement, poussé par un vent favorable. Un jour qu’il naviguait loin de toute terre, et que les hommes du bord ne voyaient plus que le ciel et la mer, ils aperçurent un vaisseau qui se dirigeait vers eux toutes voiles dehors, et ils ne tardèrent pas à reconnaître qu’ils avaient affaire à un pirate.

Le capitaine, voyant que la fuite était impossible, fit apporter sur le pont toutes les armes qu’il avait, et les distribua à ses hommes qu’il exhorta à se défendre de ces mauvaises gens qui voulaient les égorger et les voler. Quand les deux navires furent bord à bord, on vit le matelot Faîto qui était parmi l’équipage du pirate et semblait le guider. Les marins de Saint-Malo se battirent avec courage, et ils furent plus forts que les pirates ; ils les tuèrent jusqu’au dernier, sans épargner Faîto, puis ils coulèrent le vaisseau forban.

Ils étaient bien contents de leur victoire, et se réjouissaient surtout de la mort de Faîto :

— Je craignais cet homme, disait le capitaine ; à présent j’en suis débarrassé, et nous n’avons plus à redouter ses sorcelleries.

Le navire, continua sa route sans accident, et pendant quatre ans il fit le cabotage aux Antilles. Au bout de ce temps, il revint à Saint-Malo. Le marin de Saint-Cast débarqua comme les