Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Maintenant, si j’avais un lit, je ferais bien un somme.

Et à la minute un lit vint se placer dans un coin de la cabane. Le capitaine s’étendit dessus et dormit pendant deux heures ; puis il se réveilla en sentant à l’oreille une piqûre, légère comme celle d’une mouche. C’était le petit bonhomme haut de trois pouces qui s’était assis sur l’oreiller et l’avait un peu pincé. Il demanda au capitaine s’il se sentait le courage de tenter les aventures.

— Je suis prêt, répondit-il.

Le nain l’emmena dans un pays qui semblait éclairé par la lumière du soleil, et ils entrèrent dans une ferme où, sur le conseil du nain, le capitaine acheta cent moutons, deux cents vaches, quatre cents bœufs et, sauf l’honneur de la compagnie, huit cents cochons ; et il mit dans les conditions de son marché qu’on lui fournirait des charrettes pour mener toute cette victuaille et des gens pour les conduire où il voudrait.

— Maintenant, lui dit le petit bonhomme, tu vas aller à un château que je vais te montrer ; il est gardé par des bêtes féroces qui ont faim : tu leur jetteras des morceaux de viande jusqu’à ce que toutes soient rassasiées, et c’est alors seulement que tu pourras entrer au château et délivrer la princesse.

En arrivant au portail, le capitaine Pierre vit deux lions enchaînés qui rugissaient à faire peur, et la cour était remplie de toutes sortes d’animaux qui criaient épouvantablement. Il leur jeta des quartiers de viande, et quand il leur eut donné le dernier morceau, ils cessèrent de hurler et de rugir, et le laissèrent passer.

Il entra dans le château qui était superbe, et, après avoir parcouru un grand nombre de pièces, il arriva à une belle chambre où une princesse étendue sur un lit dormait tout habillée. Il lui posa la main sur le front, et aussitôt elle se réveilla en s’écriant :