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loin, il aperçut d’autre céleri d’une plus belle espèce, et en ayant brouté quelques feuilles, il reprit la forme humaine.

Il parcourut toute l’île, et comme elle ne produisait que des herbes, et de maigres arbres qui ne donnaient point de fruits, il se dit que pour pâturer il lui serait plus commode d’être âne que de rester homme, parce que les ânes sont moins sensibles au froid et au chaud. Il retourna à la vallée où il avait trouvé le premier céleri : il en mangea, et aussitôt il redevint baudet ; mais souvent il allait sur le bord de la mer, voir s’il n’apercevrait pas quelque navire.




Au bout de deux ans, il vit une barque qui passait près de l’île ; il se hâta de manger du céleri pour redevenir homme, et il fit des signaux aux gens de la barque. Ceux-ci abordèrent à l’île et le recueillirent dans leur navire ; mais avant de s’y embarquer, il avait eu soin de couper une botte de chacune des deux espèces de céleri.

Il revint au pays où il s’était marié, et il résolut de se venger de sa femme et de sa servante qui avait aidé à l’abandonner dans l’île déserte. Il prit ses paquets de céleri et alla sous les fenêtres de sa