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— Hélas ! je suis dans la peine et dans la misère ; mes frères m’ont précipité dans ce gouffre pour s’emparer du Merle blanc et de la Belle aux cheveux d’or, et je ne sais comment je pourrai sortir d’ici.

— Ne t’afflige pas, mon ami ; je suis venu pour t’aider. Je vais allonger ma queue jusqu’à ce qu’elle arrive à toi : tu la prendras dans ta main, et tu te hisseras jusque sur le haut.

Le petit roi Jeannot saisit la queue du renard et se tira du précipice. Alors le petit renard lui dit :

— Que vas-tu devenir, mon ami ?

— Hélas ! je ne sais pas, et j’aurais encore bien affaire de vos conseils.

— Retourne au château de ton père, et présente-toi comme un médecin qui passe par là, et qui vient voir s’il n’y a pas quelqu’un qui ait besoin de ses soins. Il ne te reconnaîtra pas d’abord sous ton nouveau costume, car les fatigues du voyage t’ont changé et bruni. Quant à moi, mon rôle est fini, et tu ne me reverras plus, car tu as surmonté les dangers les plus grands.

Aussitôt le petit renard disparut, avant que le petit roi Jeannot eût eu le temps de le remercier.

Le jeune homme continua sa route, et s’étant habillé en médecin, il arriva au château de son père. Il demanda à le voir, et quand il fut en sa présence, il le salua poliment, et lui dit qu’il n’avait pas voulu passer devant un château aussi considérable sans venir offrir ses services au maître de la maison, au cas où il aurait eu quelqu’un à soigner.

— Je ne sais, dit le roi, si vous serez plus habile que vos confrères. Le Merle blanc qui ramène les vieilles gens à l’âge de quinze