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virent bien qu’il ne leur restait plus qu’à rebrousser chemin, puisque Jeannot était en possession de ce qu’ils étaient venus chercher.

Ils semblaient contrariés de la réussite de leur cadet ; ils lui parlaient peu, et cheminant derrière lui, ils jetaient des regards d’envie sur les trésors qu’il avait.

Comme ils passaient par un sentier étroit qui côtoyait un précipice, Hubert poussa violemment son frère qui y tomba, laissant échapper la cage qu’il tenait à la main, et dont Poucet s’empara aussitôt ; puis tous deux continuèrent leur route, après avoir forcé la Belle aux cheveux d’or à les suivre.

La chute du petit roi Jeannot avait été amortie par des ronces et des ajoncs auxquels il s’était accroché quand il se sentit dégringoler, et l’endroit du précipice où il tomba était couvert d’un épais buisson qui déchira ses habits, mais l’empêcha de se faire mal. Il se releva, et se mit à regarder pour voir s’il était possible de s’échapper du précipice ; mais les bords en étaient escarpés comme un mur, et il était si profond que les arbres qu’on apercevait en haut paraissaient à peine aussi grands que des touffes d’ajoncs.

Quand il vit qu’à moins d’un miracle il lui serait impossible de se sauver, il s’assit sur une pierre, et il se désolait en pensant qu’il allait mourir de froid et de faim, loin de ses parents.

— Ah ! disait-il en pleurant, c’est ici que j’aurais bien besoin de mon petit renard.

Comme il achevait ces mots, le renard se montra au haut de l’escarpement et lui dit :

— Te voilà dans une fâcheuse situation, mon ami.