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diens, puis il le conduisit à l’endroit où le Merle blanc était dans sa belle cage.

Lorsque Jeannot s’en fut emparé, le Renard lui dit :

— Tu vas suivre cette route jusqu’à ce que tu arrives à un cimetière abandonné ; tu y verras une tête de mort que tu prendras pour la mettre dans les griffes du lion qui garde la Belle aux cheveux d’or ; mais aie bien soin de choisir le moment où il est endormi, car s’il était éveillé et t’apercevait, il te brûlerait : sa bouche jette le feu à plus de sept lieues loin et consume tout. Le Merle blanc t’indiquera le chemin qu’il faut prendre pour aller à l’endroit où la Belle est prisonnière.

Le petit roi Jeannot marcha longtemps avant d’arriver au cimetière, où il prit la tête de mort ; ensuite le Merle blanc lui indiqua le chemin qu’il devait suivre, et quand son maître était lassé, il lui sifflait de jolis airs qui lui faisaient oublier la fatigue.

Après avoir traversé une forêt dont les arbres étaient si épais et si touffus que le soleil ne pouvait passer au travers, Jeannot aperçut un grand château, dont toutes les portes étaient ouvertes, mais on ne voyait personne pour le garder. Il parcourut avec précaution, et les pieds nus pour ne pas faire de bruit, une longue suite d’appartements, au bout desquels il vit le lion qui gardait la Belle aux cheveux d’or. Quand le monstre se sentait envie de dormir, il prenait entre ses énormes pattes la tête de la jeune fille, de peur qu’on ne la lui enlevât pendant son sommeil.

Lorsque Jeannot était entré dans le château, le lion, sentant qu’il allait bientôt sommeiller, tenait la Belle entre ses griffes, et il baillait en fermant à moitié les yeux. Le Merle se mit à siffler un air si doux que le lion s’endormit tout à fait. Alors Jeannot se montra, mit un doigt sur sa bouche pour indiquer à la jeune fille qu’il