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pauvre homme que tu as fait enterrer, et pour te récompenser de ta charité, j’ai obtenu de Dieu la permission de venir t’aider. Suis ce chemin en allant toujours dans la direction du soleil de midi ; mais ne te décourage pas, car la route est longue. L’oiseau se trouve près d’un château, dans une cage grossière ; il faudra l’y laisser, et te garder bien de le mettre dans une belle cage que tu verras tout à côté. Le Merle blanc serait si joyeux du changement qu’il sifflerait en signe d’allégresse, et les gens du château se hâteraient d’accourir et de te faire prisonnier. Plus tard je te dirai comment tu pourras t’emparer de la Belle aux cheveux d’or.

Le renard disparut, et le petit roi Jeannot se remit en marche ; il chemina bien des jours et bien des nuits, et arriva enfin, à un château qui paraissait plus grand et plus beau que celui de son père. Tout alentour était un jardin avec des arbres comme Jeannot n’en avait jamais vu. En s’y promenant, il aperçut le Merle blanc qui était dans une vilaine petite cage, aussi grossièrement faite que celle que les enfants de la campagne fabriquent pour élever les oisillons ; il prit l’oiseau, mais au lieu de suivre le conseil du renard, il le plaça dans une grande cage toute dorée qui était à côté. Aussitôt le Merle se mit à chanter pour montrer sa joie ; et une foule de gens sortirent du château et s’emparèrent de Jeannot.

Ils le jetèrent dans un cachot construit en pierres de taille, fermé par une grosse porte en chêne, et où la lumière, ne parvenait que par un étroit soupirail garni d’énormes barres de fer. Mais le petit renard vint à son secours ; après avoir reproché à Jeannot de lui avoir désobéi, il lui dit de le suivre : alors la porte massive s’ouvrit devant lui ; il fit sortir Jeannot du château sans être aperçu des gar-