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celle-là que choisit Hubert. Poucet en prit une autre, qui était la plus rapprochée de celle dont son aîné avait fait choix ; puis ils dirent à leur frère :

— Quel chemin vas-tu suivre ?

— Celui que vous m’avez laissé, puisque vous avez d’abord pris chacun celui qui vous paraissait le meilleur.

Ils se séparèrent, et après plusieurs jours de marche, les deux aînés arrivèrent à un endroit où les deux routes n’en formaient plus qu’une seule, et ils se mirent à voyager ensemble, demandant partout où ils passaient s’ils étaient encore bien éloignés du lieu où se trouvaient le Merle blanc et la Belle aux cheveux d’or. Beaucoup riaient en entendant ces paroles, et les autres disaient qu’on avait vu bien des gens passer pour aller tenter l’entreprise, mais qu’aucun d’eux n’était revenu.

Le chemin dans lequel s’était engagé le petit roi Jeannot était raboteux et coupé par des fondrières, et la marche y était pénible. Il ne se laissa pas rebuter par les obstacles, et bientôt il arriva dans un bourg où quelques maisons couvertes en chaume étaient bâties autour d’une petite église : à la porte du cimetière, il vit un mort étendu par terre, et enveloppé d’un mauvais drap de lit.

Il s’agenouilla auprès et fit une courte prière, puis il demanda à des personnes du pays qui, assises sur le pas de leur porte, le regardaient curieusement, pourquoi on laissait ainsi un chrétien sans sépulture.

— Le défunt, lui dit-on, était un mendiant trop pauvre pour payer son enterrement, et suivant l’usage d’ici, les prêtres ne mettent les corps en terre sainte que lorsqu’on a réglé d’avance ce qui leur est dû pour leur déplacement.