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LA SIRÈNE DE LA FRESNAIE


Il y avait une fois dans le bois de l’île Aval, en la paroisse de Saint-Cast, un sabotier qui demeurait avec sa femme et ses deux enfants, dans une pauvre petite hutte, en terre, qu’il avait lui-même construite au bord de la mer, à l’endroit où finit la vallée. Il y en a qui disent qu’on en voit encore les ruines, mais cela n’est guère croyable, car il y a bien longtemps de cela, et d’habitude les cabanes de sabotiers ne laissent pas de longues traces.

Ils n’étaient pas riches, car ils n’avaient que leur travail pour vivre, et l’on sait que les sabotiers achètent rarement des métairies : le mari creusait des sabots, sa femme lui aidait de son mieux, et le petit garçon et la petite fille, qui n’étaient pas assez grands pour travailler le bois, allaient tous les jours à la pêche le long du rivage.

Un jour que le petit garçon était dans les rochers à prendre du poisson, il entendit tout à coup un chant doux et mélodieux, et, en regardant l’endroit d’où il semblait venir, il vit la Sirène qui nageait en chantant sur les flots, et autour d’elle la mer était si brillante que la vue en était éblouie.