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belle-mère, nous serions perdues ; il nous tuerait toutes les deux ; ne lui en parle jamais.

— Non, ma mère, répondit Césarine.

Le lendemain, le capitaine dit :

— Il faut retourner aux ruines ; nous porterons un panier de provisions pour la chèvre, et elle consentira peut-être à nous suivre.

Les voilà partis tous les trois ; mais dès que la chèvre blanche aperçut sa belle-mère, au lieu de bêler comme à l’ordinaire, elle s’enfuit, et alla se cacher.

— C’est bien singulier, dit le capitaine, que cette chèvre qui nous a fait tant de caresses les autres jours, ne veuille plus nous voir aujourd’hui !

Il alla tout seul dans les ruines, et la petite chèvre venait le caresser en bêlant ; mais dès qu’elle voyait sa belle-mère, elle devenait triste et courait se cacher.

— Il faut, dit-il à sa femme, que tu aies fait quelque chose à cette petite chèvre.

— Moi ! répartit la méchante belle-mère, c’est la première fois que je la vois, et jamais je n’étais venue à ce vieux château.

Ce jour-là encore, ils ne purent l’emmener.

Le capitaine fut malade et obligé de se coucher, de sorte qu’il resta huit jours sans retourner à la chasse auprès du château ; des qu’il put se lever, il y alla et regarda s’il voyait la petite chèvre blanche, mais il ne l’aperçut pas et se dit :